Rocamadour - Temple égyptien dans le Sanctuaire de Rocamadour

Dépôts enregistrés à l’Académie des Sciences à Paris
les 28 février et 27 novembre 2012.
Copie du dossier adressé au Ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti
le 25 novembre 2012

Découverte archéologique dans le Lot

Vestiges d’un complexe funéraire égyptien
au cœur de la cité médiévale de Rocamadour.

I - Temple de l’élu

1 - Tête de mort

Bien que la diversité de nos paysages nous prouve continuellement que la nature est talentueuse, il serait déraisonnable de dire que la tête de mort que nous voyons très clairement apparaître en relief à flanc de la falaise de Rocamadour (photo 1) a été façonnée par les seuls effets de l’érosion naturelle. La morphologie si caractéristique d’un crâne humain est suffisamment précise et explicite pour se convaincre que la main de l’homme a contribué à lui donner son saisissant réalisme. Notons la forme en amande fortement prononcée de son œil gauche, elle est très caractéristique des représentations égyptiennes. Nous allons voir l’importance de ce détail dans la représentation suivante.

2 - Tête de babouin

La tête de babouin sculptée dans la roche en arrière-plan de la tête de mort, et nettement visible sur la photo 1, avait une signification symbolique précise pour les anciens égyptiens. Dans l’antiquité en Égypte, l’ibis et le babouin étaient les deux animaux sacrés du démiurge Thot. Désigné comme l’inventeur de toutes sciences et de l’écriture, Thot était vénéré dans toute l’Égypte et son culte s’étendait au-delà de ses frontières. Il était le gardien des écritures sacrées. Une écriture qui n’a d’ailleurs pas encore révélé tous ses secrets, même si nous savons la lire grâce à Jean-François Champollion.

Tête de mort et tête de babouin sur le rocher à Rocamadour

3 - Symbolisme des deux têtes : Tête de mort et Tête de babouin

Dans la mythologie égyptienne, Horus, fils d’Isis et d’Osiris, affronte Seth, dieu du chaos, pour venger la mort de son père assassiné par ce dernier. De cet affrontement, Horus sort victorieux, mais il perd un œil arraché par Seth au cours du combat. C’est à ce moment précis qu’intervient Thot et que la connaissance du mythe égyptien le concernant va nous éclairer sur la présence et la signification de la tête de babouin sur la paroi rocheuse à Rocamadour. Thot, dieu du savoir et de l’intelligence, possède de nombreux pouvoirs. Il guérit Horus grâce à ses connaissances médicales et, doté de pouvoirs magiques, il reconstitue l’œil blessé afin qu’il redevienne « Oudjat », c’est- à -dire « sain » et « complet ». L’œil reconstitué d’Horus assimilé à « Oudjat » symbolise la régénération et tient une place importante dans le rite funéraire. « Oudjat » signifie celui qui est en bonne santé, mais il symbolise aussi la voyance et la protection. Le symbole de l’œil « Oudjat » était représenté dans les tombes funéraires pour protéger le défunt. Aux origines, la représentation de l’œil était celui du dieu du ciel Rê, l’œil du soleil. L’œil d’Horus guéri grâce à l’intervention du dieu Thot devint l’œil lunaire. Cette guérison magique valut à Thot l’épithète de dieu lunaire.
Comme vous pouvez le constater, la connaissance de la mythologie égyptienne est fondamentale pour comprendre la présence de la tête de babouin sur la roche et pouvoir interpréter la raison pour laquelle cette tête de babouin se trouve à l’emplacement exact de l’œil manquant sur la tête de mort sculptée dans la paroi rocheuse à Rocamadour (photo 1).
La symbolique des deux têtes sculptées dans la roche, la tête de mort associée à la tête de babouin, répond à une codification précise indiquant clairement que le défunt vénéré à Rocamadour était considéré comme un Horus, donc de statut royal. Il est donc permis de croire que le défunt représenté sur le rocher adhérait aux croyances de l’ancienne religion égyptienne.

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Vestiges d’un complexe funéraire égyptien
au cœur de la cité médiévale de Rocamadour.

4 - Tête de lion

Regardons maintenant la représentation de la tête du jeune lion qui se confond avec la tête de mort au niveau de la mâchoire inférieure côté gauche (photo 2) et gardons-nous de faire l’impasse sur ce que nous venons d’ étudier. Dans l’Égypte antique, le lion est aussi riche en symbole que la tête de babouin qui a été sculptée à la place de l’œil droit de la tête de mort.

Tête de mort et tête de lion sur le rocher à Rocamadour

Avant de poursuivre, je pense qu’il est nécessaire d’insister sur les dimensions impressionnantes de ces trois représentations. La porte Cabilière, située en contrebas au pied de la falaise et à gauche sur la photo 2, en témoigne.
Revenons à présent sur la symbolique du lion. Depuis la plus haute antiquité, son image nous renvoie à la royauté. Le lion a été déifié dans l’Égypte antique sous les traits d’une lionne : la déesse Sekhmet. Les anciens égyptiens avaient remarqué que si le lion protégeait son territoire et sa troupe, c’était la lionne qui chassait pour les besoins de sa progéniture. Le lion est largement représenté dans la décoration des trônes associés au pouvoir royal. Sa représentation sur la falaise renforce donc d’une manière certaine le statut royal du défunt. Il est intéressant de souligner l’association du lion et de la tête humaine qui ont été sculptés ici sur le rocher à Rocamadour. Sans faire de rapprochement, il paraît difficile sur ce point en particulier de ne pas penser au sphinx qui se dresse devant les pyramides sur le plateau de Gizeh en Égypte. Le corps du sphinx de Gizeh est un lion couché surmonté d’une tête humaine coiffée du Némès, la coiffe que portaient les pharaons.
À la différence de Gizeh, nous constatons que le lion représenté à Rocamadour se tient debout sur ses pattes. Cette façon de le représenter prouve déjà qu’il n’est pas mort, lui.

L’absence de crinière réservée au lion adulte confirme que le lion représenté est très jeune. Il y a manifestement une raison précise à représenter le lion à la fois jeune et debout. L’objectif était de montrer que leur roi n’avait pas quitté le monde des vivants sans laisser aux membres de la communauté qui le vénéraient, un futur successeur au trône. Une descendance mâle pouvons-nous supposer, un jeune fils que l’élu des dieux égyptiens semble vouloir protéger, si on en juge par son attitude, depuis le royaume des morts qu’il avait rejoint.
Nous allons voir à présent que le jeune lion recèle en lui des indications qui ne manquent pas d’intérêt.

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Vestiges d’un complexe funéraire égyptien
au cœur de la cité médiévale de Rocamadour.

5 - Colonne et chapiteau

Nous voyons distinctement sous le ventre du jeune lion (photo 3) les contours d’une colonne surmontée d’un chapiteau. Ces deux éléments sont les témoins de la présence d’un ancien temple situé en contrebas des représentations que nous venons d’étudier.
Nous sommes malheureusement obligés de constater en les observant de plus près (photo 4), l’état de ruine dans lequel se trouvent aujourd’hui la colonne et le chapiteau.

Il faut se faire une raison, nous ne saurons probablement jamais à quel ordre appartenaient ces deux éléments architecturaux.

Colonne et chapiteau sous le lion à Rocamadour

Il est clair que l’érosion due aux actions conjuguées du vent, de la pluie et du froid n’est pas la seule responsable de leur état de délabrement, mais nous en avons suffisamment appris plus haut pour savoir que nous sommes en présence d’un complexe funéraire qui s’inspire directement de l’Égypte antique. Ce qui permet de penser qu’il y avait au sein de la communauté qui s’était établie sur le rocher à Rocamadour, des dignitaires détenteurs des rituels sacrés et secrets qui entouraient la mythologie égyptienne. L’érudition des personnes qui ont représenté ces scènes n’est plus à démontrer.

La présence d’un bassin au pied de la falaise ou plus précisément au pied de la patte du jeune lion (photo 5) n’est pas vraiment surprenante.

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Vestiges d’un complexe funéraire égyptien
au cœur de la cité médiévale de Rocamadour.

6 - Bassin d?eau circulaire

a) Caractéristiques du bassin

De forme parfaitement circulaire, le bassin d’eau a été creusé directement à la surface d’une terrasse rocheuse aménagée spécialement comme nous allons le voir plus loin. Légèrement évasé, son diamètre extérieur est d’environ 2,60 m. Sa forme en cuvette laisse penser qu’il n’est pas très profond. L’évacuation des pierres qui l’encombrent permettrait d’en préciser la profondeur exacte.

b) Alimentation en eau du bassin

Le bassin semble aujourd’hui se remplir et se vider au grè des précipitations suivi de périodes d’ensoleillement. Ce qui ne signifie pas qu’il ait été dépourvu d’une alimentation et d’une évacuation à l’époque de sa construction. On peut supposer que le bassin recevait les eaux de ruissellement venant du haut de la montagne rocheuse et s’écoulaient le long de la patte du lion. Le bassin était-il couvert à l’époque où il a été construit ? Des fouilles archéologiques apporteront peut-être un jour ces renseignements.

c) Organisation de l?espace autour du bassin

Le bassin d’eau occupe une place centrale dans un espace parfaitement délimité et pratiquement en arc de cercle au pied de la patte du jeune lion sculpté dans la falaise.

Les restes de plusieurs marches taillées dans la roche en gradin au nord suggèrent des rassemblements autour du bassin (photo 6). L’alvéole (photo 6a) creusée avec une assise dans la paroi rocheuse au sud où s’est appuyé le mur de la porte Cabilière, nous persuade que l’assemblée était présidée par un maître de cérémonie.

d) Fonction du bassin

Tout porte à croire, en ajoutant à l’organisation autour du bassin le lien puissant illustré par la fusion entre le lion et la tête de mort, que le bassin était à l’origine rattaché au temple funéraire étudié plus haut et que l’eau du bassin assurait sa fonction au cours d’un rituel de purification.

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au cœur de la cité médiévale de Rocamadour.

7 - Terrasse supérieure du temple

Au-dessus du temple que nous venons d’étudier, on distingue nettement sur la droite et dans l’alignement du corps du jeune lion (photo 7), une terrasse étroite et tout en longueur abritée par le rocher et que la végétation a fini par envahir.

Auteur:

Charly SENET

Dépôts enregistrés à l’Académie des Sciences à Paris
les 28 février et 27 novembre 2012

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